Santé – L'Observatoire de la Santé en province de Namur
Les rencontresterritoriales de la santé
A la suite de la publication de son premier Tableau de bord de la santé en décembre 2016, la Province de Namur a souhaité poursuivre le travail en permettant aux acteurs de son territoire de découvrir et de s’approprier les données présentées.
La Province, et plus particulièrement sa Cellule Observation de la santé, du social et du logement, a donc proposé deux Rencontres territoriales au mois de juin 2017, conçues et organisées chacune en étroite collaboration avec des partenaires locaux issus des arrondissements de Dinant et de Philippeville.
Les journées étaient organisées en deux temps : après une présentation de multiples données relatives à l’arrondissement, les participants ont pris part à différents ateliers permettant d’échanger sur des thématiques et enjeux prioritaires du territoire.
La Rencontre territoriale qui s’est tenue à Dinant le 13 juin 2017 a été organisée par Prospect 15 (Expérience de Transcommunalité Coordonnée initiée par le Centre Culturel Régional de Dinant) et la Province de Namur. Sous le titre « Observer pour mieux agir ensemble demain », cet événement a rassemblé quelque 75 participants d’horizons divers, partageant une préoccupation commune pour le bien-être de leurs concitoyens de l’arrondissement de Dinant.
Acteurs de l’insertion sociale, de la mobilité, de la petite enfance, de la jeunesse ou plus largement de la santé et du social, tous ont pris une part active aux réflexions partagées, alimentées par des données statistiques fraîchement révélées ou mises à jour. La présente publication se veut un reflet des échanges de cette journée et vise à dégager de l’analyse de ceux-ci des objectifs et pistes d’action à mettre en place collectivement pour améliorer la santé et le bien-être de tous les habitants de l’arrondissement de Dinant.
Le tableau de bord de la santé : un outil précieux permettant d’avoir une vision globale de la santé des habitants d’un territoire
Le tableau de bord de la santé de la province de Namur est un registre des données de santé relatives au territoire de la province de Namur. Outil précieux pour la connaissance et l’analyse du territoire, il permet non seulement d’avoir une vision globale de la santé de la population mais également de mettre en avant les problématiques particulières. Il reprend des données quantitatives pour la province de Namur avec une comparaison systématique avec les valeurs wallonnes et belges. En fonction des thématiques et des données disponibles, certains indicateurs sont présentés par arrondissement, voire par commune, sous forme de carte. Ce travail permet également de mettre en évidence certaines particularités.
Décliné en six chapitres, il présente des données relatives à la démographie, à la mortalité et aux causes de décès, à l’état de santé, aux facteurs de santé, à l’offre de soins et de services et à la consommation de soins.
Présentées de manière simple et compréhensible, les données de santé produites par différents organismes constituent un document de référence dans lequel les décideurs, les professionnels, les étudiants mais également les citoyens pourront trouver des informations utiles.
Le tableau de bord de la santé a pour objectif d’observer globalement pour agir localement. Il se veut un outil d’aide à la décision, à différents niveaux de responsabilité.
Spécificités du territoire de l’arrondissement de Dinant
Les données suivantes ont été partagées à l’ensemble des acteurs présents à la Rencontre territoriale de Dinant. Elles sont issues d’une déclinaison du Tableau de bord de la santé à l’échelle de l’arrondissement de Dinant.
Le territoire de l’arrondissement de Dinant pris dans son ensemble présente une densité de population faible (68 hab/km2). Entre les communes de l’arrondissement, les valeurs varient fortement, avec des densités très faibles dans le sud, tournant autour de 30 hab/km2 (Vresse-sur-Semois, Bièvre et Gedinne) et plus élevées à Yvoir (159 hab/km2), Dinant, Ciney, Hastière et Ohey.
Le vieillissement de la population est plus accentué dans l’arrondissement de Dinant (indice de vieillissement de 0,77) par rapport à la province (0,74) et la Wallonie (0,75). Néanmoins, les indices sont très disparates entre les communes de l’arrondissement, passant de 0,48 à Hamois à plus de 1 à Hastière et Vresse-sur-Semois.
Densité de lits MRS plus faible
Par rapport à l’ensemble de la province de Namur (33,0), la Wallonie (35,9) et la Belgique (35,5), l’arrondissement de Dinant a un nombre de lits MRS pour 1000 habitants âgés de 65 ans et plus faible (26,7). S’agissant des lits MR, la densité s’élève à 32,5 dans l’arrondissement, à 34,7 dans la province, à 40,2 en Wallonie et 32,3 en Belgique.
Le nombre d’habitants par médecin généraliste est un peu moins élevé dans l’arrondissement (904) qu’en Wallonie (1024) et en Belgique (1067). Au sein de l’arrondissement, à nouveau, de grandes disparités sont observées : les communes d’Onhaye, Gedinne, Bièvre et Yvoir sont mieux loties (moins de 700 habitants par médecin généraliste) tandis que les communes de Dinant, Anhée, Somme-Leuze et Hastière présentent des valeurs moins favorables (plus de 1000 habitants par médecins généraliste).
Par ailleurs, sur les 15 communes que compte l’arrondissement de Dinant, cinq ne comptent aucun médecin de moins de 40 ans, et seules deux communes (Ciney et Somme-Leuze) comptent des médecins de moins de 30 ans.
Le territoire recense une maison médicale à Ciney et deux associations de santé intégrée, l’une à Houyet et l’autre à Bièvre.
Une couverture de l’accueil de la petite enfance plus élevée
Le taux de couverture de l’accueil des 0 à 2,5 ans s’élève à 39,1 % au sein de l’arrondissement de Dinant. C’est plus élevé que le taux global pour la province (37,2 %) et la Wallonie (31,4 %). C’est par ailleurs plus élevé que le seuil de référence qui est fixé par le conseil européen à 33 %. Si l’on s’intéresse à la situation des communes, les taux de couverture varient fortement (de 10 % à 59,5 %). Notons néanmoins que cet indicateur permet d’avoir une idée de la situation en matière d’offre mais ne reflète en rien les besoins qui peuvent être différents.
Présence de deux services de santé mentale généraliste
Sur le territoire de l’arrondissement, on comptabilise quatre services de santé mentale généralistes, offrant une bonne couverture en la matière. Ceux-ci se situent à Dinant, Ciney, Rochefort et Beauraing.
Couverture du dépistage du cancer du sein insuffisante
Proportion (%) de femmes (50-69 ans) ayant eu un examen de dépistage du cancer du sein, province de Namur, par commune, 2012
La proportion de femmes de 50 à 69 ans ayant eu un examen de dépistage du cancer du sein (par mammotest ou mammographie diagnostique) dans l’arrondissement de Dinant (53,0 %) est plus faible que dans l’ensemble de la province (55,6 %).
Au niveau des communes, des disparités sont observées. Yvoir est la commune de l’arrondissement présentant le taux de couverture le plus élevé (62,2 %) suivi d’Hamois (58,2 %), Ciney (57,0 %) et Onhaye (55,9 %). A l’inverse, les communes de Bièvre, Vresse-sur-Semois, Hastière et Rochefort présentent des taux plus faibles, ne dépassant pas les 50 %.
Travaux en ateliers
Quatre thématiques ont été explorées en ateliers lors de la Rencontre territoriale de Dinant :
- Mobilité-santé de première ligne, quels liens ?
- Insertion sociale-santé, quels liens ?
- La petite enfance et le soutien à la parentalité
- Quels soutiens à la santé et au bien-être de nos adolescents ?
Ces thématiques ont été choisies en fonction des résultats du tableau de bord et des préoccupations des acteurs de terrain. Par exemple, le choix de la thématique du soutien à la parentalité se base à la fois sur les observations et statistiques des services de santé mentale et sur les données qui montrent la faiblesse des ressources en matière d’accueil de la petite enfance et l’importance de la précarité, qui fragilise toute personne ou famille.
Actions ou projets identifiés
En matière de mobilité
Les participants à l’atelier ont soulevé le problème de la privation de soins par les personnes qui se déplacent difficilement, alors que les médecins font moins de visites à domicile qu’autrefois. Celui-ci est en lien avec le problème de l’isolement des patients et avec celui du vieillissement de la profession de médecin généraliste (voir les données du Tableau de bord de la santé à ce sujet). En matière de santé mentale aussi, l’accessibilité des services est aussi un enjeu important. La mobilité est un enjeu transversal, qui a un impact sur la santé mais aussi sur l’emploi, la culture, la formation…
Après avoir identifié les freins et leviers à la mise en place de bonnes pratiques ainsi que celles déjà existantes au sein de l’arrondissement, ils ont proposé une série d’actions prioritaires :
- Analyser les besoins de la population et les constats de terrain (ex : la disponibilité des retraités bénévoles) ;
- Soutenir les infrastructures ayant une connaissance et une action sur tout le territoire (MobilEsem, MobiliSud) ;
- Sortir de la logique de rationalisation économique en repensant à un accès de proximité à partir de petites structures ;
- Créer un répertoire des acteurs et des projets existants.
En matière d’insertion sociale
Pour les participants à cet atelier, l’isolement, les problèmes de mobilité, le coût des médicaments, les assuétudes, le vieillissement sont autant de problématiques à la frontière de la santé mentale et de la santé physique comportant une forte dimension sociale. Travailler sur l’inclusion sociale nécessite de décloisonner la santé, le social mais aussi la culture, compte tenu de la diversité et de la multiculturalité présente au sein de l’arrondissement. Les actions prioritaires qu’ils ont identifiées sont les suivantes :
- Augmenter la connaissance du réseau, par les acteurs eux-mêmes, par exemple par la création d’un répertoire des acteurs en ligne, mis à jour en permanence ;
- Développer les pratiques en réseau, en mettant en lien les services de première ligne et les services spécialisés ;
- Utiliser les moyens culturels (tels que l’art-thérapie, le théâtre action…) pour travailler sur l’insertion sociale.
En matière de petite enfance et de soutien à la parentalité
Interrogés sur les problématiques qu’ils rencontrent, les participants ont relevé les difficultés liées aux changements des structures familiales (familles recomposées, monoparentalité…), l’évolution des exigences éducatives (alimentation, acquisition de la propreté, négligence en cas de conflit…) et la problématique des écrans et le manque d’interaction qui en découle. Ils proposent les actions suivantes :
- Poursuivre le travail de réseau ;
- Voir le parent comme citoyen, lui donner une place active ;
- Favoriser les savoirs parentaux ;
- Investir dans la politique de la petite enfance ;
- Revoir la formation et l’encadrement du personnel des lieux d’accueil et écoles maternelles en mettant l’accent sur la prévention ;
- Faire en sorte que les accueillantes extrascolaires aient un statut ;
- Revoir et développer l’accompagnement périnatal.
En matière de soutien à la santé et au bien-être des adolescents
Le problème le plus marqué dans l’arrondissement de Dinant est, selon les participants à cet atelier, le manque de connaissance, tant par les organisations que par les bénéficiaires, des autres organisations et services. Le constat est encore plus marqué entre organisations de secteurs différents, tels que ceux de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse. Les conséquences sont un manque de collaboration, de suivis et de relais, le sentiment, pour le professionnel, d’être isolé et démuni face à un problème, l’échec des concertations… Les participants ont aussi soulevé le rôle clé que pourrait - ou devrait - jouer l’école, que ce soit en éducation pour la santé, à la communication ou à la citoyenneté, pour favoriser l’estime de soi des jeunes, pour les amener à devenir acteurs de leur santé. Les Centres PMS, débordés, ne peuvent selon eux que répondre aux urgences. Ils ont également souligné l’importance du soutien à la parentalité.
En termes d’actions concrètes, ils ont proposé de :
- Créer et partager un bottin de ressources, mis à jour, avec un lexique commun ;
- Réfléchir aux conditions de succès des concertations ;
- Sensibiliser les acteurs relevant du décret Jeunesse (maisons de jeunes et centres d’information) à travailler en collaboration avec le secteur de l’aide à la jeunesse ;
- Améliorer la prise en charge des jeunes en décrochage scolaire.
Besoins identifiés
De manière transversale, les constats suivants peuvent être dressés et les besoins suivants peuvent être identifiés à l’issue de l’ensemble des ateliers :
- Les acteurs de l’arrondissement, quel que soit leur champ d’action, ont besoin de mieux se connaître : ils souhaitent mieux connaître les autres organisations, leurs missions et services, les personnes à contacter, afin de collaborer davantage et de réellement former un réseau sur le territoire. De plus, ils souhaitent mieux se faire connaître des bénéficiaires susceptibles de recourir à leurs services.
- Les problématiques de santé ont des répercussions sur d’autres champs que la santé tels que l’emploi, la culture, l’isolement, la mobilité, et inversement. Il ressort un besoin de décloisonner les connaissances et de développer les échanges intersectoriels et le travail en réseau.
- L’impact des évolutions sociétales sur le travail des acteurs: l’évolution des structures familiales, l’omniprésence du multimédia au sein du foyer familial, l’évolution des exigences éducatives, le rôle de l’école… Les professionnels comme les parents ont besoin de s’adapter à ces réalités mouvantes.
Objectifs proposés
Ayant analysé les contenu des discussions en ateliers, la Province de Namur propose aux acteurs de l’arrondissement de Dinant, qu’ils aient ou non pris part à la Rencontre territoriale, les objectifs transversaux suivants :
Objectif 1 : Permettre à toutes les organisations et à tout citoyen de l’arrondissement d’avoir accès à l’information et aux ressources par la valorisation des acteurs du territoire, dans différents secteurs.
Par exemple, via la création d’un site Internet présentant tous les acteurs du territoire et leurs actions, régulièrement mis à jour.
Objectif 2 : Favoriser le travail de réseau et décloisonner les secteurs ayant un impact sur la santé, de manière visible ou non (culture, emploi, mobilité…).
Par exemple, en utilisant les moyens culturels tels que l’art-thérapie ou le théâtre action pour travailler sur l’insertion sociale.
Objectif 3 : Mieux outiller les professionnels et les parents pour appréhender les évolutions de la société qui touchent les enfants et les jeunes.
Par exemple, pour les professionnels, en revoyant la formation et l’encadrement du personnel des lieux d’accueil et écoles maternelles en mettant l’accent sur la prévention, ou pour les parents en développant l’accompagnement périnatal.
Conclusion
Ce compte-rendu et cette analyse sont directement tirés des constats et réflexions des quelques 75 participants à la Rencontre territoriale du 13 juin 2017. Il est essentiel maintenant que les partenaires de la Province de Namur et tous les acteurs-clés du territoire se positionnent pour modifier, améliorer, valider et s’approprier ce qui pourrait devenir un plan d’action à mettre en œuvre pour améliorer ensemble le bien-être de tous les habitants de l’arrondissement de Dinant.