PROSPECT 15
UNE EXPERIENCE DE TRANSCOMMUNALITE COORDONNEE
AGRICULTRICES DEMAIN

Lors de l'exercice sur le bien-être, des agricultrices avaient exprimé le mal-être présent dans leurs rangs et la difficulté de se dire. L'équipe d'animation de Prospect 15etc  proposa à une trentaine d'entre elles (couvrant le territoire de l'Arrondissement) de se rencontrer afin de libérer paroles et dynamisme. A ce niveau de l'action, la vingtaine de femmes ayant répondu positivement à l'invitation, ne manquent ni des unes, ni de l'autre. Les agricultrices (ou épouses d'agriculteurs) décident de se rencontrer une fois par mois jusqu'à l'éclosion d'un projet si on y arrive.

1. Quels peuvent être les objectifs de ce groupe ?

Au-delà du fait que le malaise du monde agricole est ressenti par la majorité des participant(e)s les entrées possibles pour en parler sont très diverses. Il est malaisé de débattre de la place de l’agricultrice. Le groupe s'entend sur les objectifs suivants: partager une vision; échanger, discuter; revaloriser le travail de la femme qui fait énormément, met la main à tout. Cette polyvalence n’est pas connue des gens; repositiver l’image des agriculteurs par le biais de l’agricultrice; favoriser le contact avec le citoyen; travailler sur l’image de l’agriculture en étant proche des gens et en transmettant une image plus proche du réelle, plus concrète (loin de « Martine à la ferme ») et aussi plus joyeuse (loin des films noirs et durs sur le désespoir de l’agriculture).

Toucher le public en rendant une image aux agricultrices, qui ont un déficit d’image à tous les niveaux. Retransmettre une image positive et réelle.

Le groupe choisit donc de se donner pour but : réfléchir ensemble à comment donner une autre image, plus réaliste, plus joyeuse, des agricultrices et, par-là, de l’agriculture. Les agriculteurs font partie de la société, ils ont une vie normale !

2. Parler de quoi?

L’agriculture c’est la gestion d’un territoire par des gens passionnés, très méconnus car ayant peu le sens de la communication (mais ça change) et coincés dans un carcan politique malgré eux.

Les agriculteurs subissent des mauvaises décisions politiques depuis longtemps. Les fermes laitières disparaissent au profit de grosses exploitations.

Les gens ont perdu le lien avec la ferme, ils ne connaissent plus les agriculteurs. Il est important de renouer ces liens-là. Si les agriculteurs parlent, partagent,… les gens suivront ! Quelques exemples sont cités de rencontres positives (ferme au milieu du village, dans le cadre d’un PCDR, témoignages,…) Ce manque de communication se vit en agriculture comme dans la société en général.

L’agriculture est l’outil de travail des agriculteurs. Comment veut-on vivre ? Différents chemins, choix de vie et possibilités se déclinent entre l’agrandissement à tout prix, le « trop », le juste milieu et le fait de pouvoir maintenir une petite exploitation. Par obligation, par culture, par ambition, pour ses enfants,… les agriculteurs diversifient, agrandissent, travaillent plus et ne savent pas toujours maintenir le cap. Une différence se voit entre la situation des générations précédentes et celle que l’on vit aujourd’hui. On ne peut plus s’en sortir aussi facilement qu’avant. Certains parviennent toutefois à maintenir une taille raisonnable.

Les agriculteurs belges sont très indépendants, voire individualistes et en arrivent donc à la limite humaine au niveau de la taille. En France, ils s’en sortent mieux parce qu’ils coopèrent et se regroupent.

Les normes sont draconiennes pour tout le monde. L’Europe a des exigences à tous les niveaux, ce n’est pas raisonnable. Cependant, il paraît important d’agir les premiers, ne pas laisser l’Europe nous diminuer.

Comme tout secteur primaire, l’agriculture est fragilisée par les prix qui lui sont imposés.

L’agriculture est nourricière, elle garantit le maintien d’une qualité d’alimentation et perpétue des savoir-faire qui risquent de se perdre si un jour l’alimentation n’est plus que dans les mains de l’industrie agro-alimentaire. La consommation des gens a changé, comme leur mode de vie, mais il semble que peu à peu, ils reviennent à une envie de plus de qualité (« consommer bio, local, petit producteur,…. »).

C’est aussi un travail familial, qui influe le quotidien et les horaires de manière générale.

3. Y a-t-il des éléments spécifiques aux femmes ?

Plusieurs participantes soulignent l’absence de différence : on travaille à deux sur l’exploitation, homme et femme, on a la même responsabilité, les décisions sont prises à deux, le travail est partagé (parfois avec certaines spécificités selon le sexe, les affinités ou les capacités de chacun). Les conjoints travaillent en équipe, se complètent. Un certain partage des tâches quotidiennes semble être répandu. Cependant, des répartitions traditionnelles s’observent aussi (et sont, selon certaines, plus conservées que dans d’autres milieux): les enfants, le social, les papiers, le ménage,… reviennent plutôt aux femmes. Malgré tout, les temps ont changé et les femmes d’aujourd’hui ont plus de droits que celles des générations précédentes. L’image de l’agricultrice, comme celle des agriculteurs en général, subit encore beaucoup les clichés.

4. Si on souhaite entrer plus concrètement encore dans la matière.

Le souhait de traiter de la matière de manière ludique et joyeuse retient l'enthousiasme de toutes. Se pose alors la question du comment? Trois pistes se dégagent: page Facebook, jeu de l'oie, j'invite ma voisine.

L'énergie sera d'abord mise sur la réalisation du Jeu de l'Oie de l'Agricultrice. Le Groupe L'Avenir accepte de publier une double page centrale en appel du prochain Festival de Film sur la Ruralité (ATC). Le CCRD se charge de la rédaction et du graphisme, un groupe de trois agricultrices prête son concours et son expertise.

Signe de transversalité, à nouveau, une soirée sera consacrée à l'agricultrice lors du prochain festival ATC. Sera présenté, alors, la démarche menée par Prospect 15etc avec les agricultrices.